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Photo du rédacteurVivana Oreal

ENFANTS ET TEMPS D'ÉCRANS : DANGERS ? COMMENT LES ACCOMPAGNER ?

Dernière mise à jour : 6 nov. 2023


Les écrans sont partout dans notre société d'aujourd'hui : la télévision, les téléphones portables, l’ordinateur, la tablette…


Les injonctions dictées par les médias et certains professionnels (médecins, pédiatres.. ) à destination des parents (pas d'écran avant 3 ans, limiter le temps d’utilisation - ne pas dépasser x minutes/heures par jour devant la télé…) et les études menées mal retranscrites occasionnent une peur liée à l'usage des écrans par nos enfants. Et potentiellement, des situations conflictuelles avec eux, notamment lorsqu'il s'agit de définir une durée d'utilisation, ou d'arrêter.


Cet article va vous permettre de déculpabiliser, prendre du recul et dédramatiser l'utilisation des écrans qui sont omniprésents et auxquels les enfants seront de toutes façons confrontés.


Les écrans sont présents partout, et la technologie évolue tellement vite qu'ils continuent à prendre de plus en plus de place. Certains métiers exigent de passer toute la journée devant un ordinateur. Certaines personnes n'écrivent même plus à la main.

C'est dire l'importance des écrans, ou plutôt de la technologie, qui est là pour faciliter nos vies dans le quotidien (ne plus avoir à se déplacer pour faire des changements administratifs, faire des commandes via son téléphone, l'accès à une infinité d'informations…), mais aussi pour nous divertir.


Nous pouvons difficilement faire autrement que de vivre avec les "écrans", de s'en faire un allié que l'on utilise à bon escient, plutôt que de les diaboliser, car ils ne constituent finalement qu'un outil.

Et un outil est neutre : tout dépend de ce que l'on en fait.






1. LES DANGERS DES ÉCRANS : QU'EN DIT RÉELLEMENT LA SCIENCE ?


a. Développement cérébral, apprentissages


Je vous recommande fortement le livre de Nicolas POIREL, professeur de Psychologie du développement perceptif et cognitif à l'Université Paris Descartes et chercheur au laboratoire de Psychologie du Développement et de l'Education de l'Enfant : "Votre enfant devant les écrans : ne paniquez pas" (2020).


C'est un livre sourcé qui détaille les études qui ont été faites (leurs conditions, les biais, les conclusions que l'on tire réellement). Il démonte les fausses conclusions qui ont été relayées, tout cela avec des explications simples et claires.


Car les médias ont une forte tendance à faire du sensationnel en tirant des conclusions hâtives, à faire des liens qui ne sont pas démontrés par ces dites études, et donc des raccourcis qui affolent et effraient les parents : retards dans le développement cérébral, dans le développement du langage, troubles attentionnels, diminution du vocabulaire…


Pour celles qui veulent les grandes lignes sans le lire, Nicolas Poirel a été reçu par Anne Ghesquière dans son podcast "Métamorphose, éveille ta conscience" dont voici le lien : https://open.spotify.com/episode/7DYsr5QxNHYwt2JpdIZ8Xa?si=e74b61c778ac4d6d


En effet, les études ne sont pas aussi alarmistes que veulent bien nous faire croire les médias.


Aucune étude ne démontre une réelle nocivité des écrans (quels qu'ils soient), tant dans les apprentissages que dans le développement du cerveau des enfants. Aucune étude ne démontre de lien de causalité.


Les études sont complexes à réaliser, car il y a de gros biais, des critères ne sont pas pris en compte par exemple (l'environnement, le contexte économique et social, qui sont des critères extrêmement importants). De plus, il y a une question de déontologie, car on ne peut pas laisser les enfants passer trop de temps devant la télévision, juste pour faire des études.


Une des dernières études, publiée en avril 2023, montre que les enfants de 2 ans passent en moyenne 1 heure par jour devant la télévision.


L’étude publiée de Foster & Watkins, en 2010, notamment, a démontré un déficit de l’attention chez les enfants à 7 ans, pour seulement 10% de ceux qui passaient plus de 7 heures par jour devant la télé, lorsqu’ils étaient plus jeunes ! Le temps passé devant l’écran est donc énorme. Il est intéressant d’aller voir par conséquent l’environnement et l’entourage de ces enfants, qui sont probablement victimes de carences affectives et éducatives.


En ce qui concerne les recommandations, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de ne pas exposer les enfants de moins de 2 ans aux écrans, puis de limiter le temps à 1 heure par jour entre 2 et 5 ans, tandis que l’académie américaine de pédiatrie est revenue sur ses recommandations d’éviter tous les écrans avant l’âge de 2 ans.

Le CSA par contre, ne recommande pas d’écran avant 3 ans.

Il n’y a donc pas de consensus.


Le problème n’est pas tant lié au temps, au nombre d heures passées devant l’écran (cela n’est évidemment pas une invitation à les laisser des heures devant) mais au contenu, à l'accompagnement, et à l’environnement de l’enfant. De garder le lien, la connexion avec son enfant et de s'intéresser à ce qu'il fait et ce qu'il aime.



b. Les écrans et les yeux


Les écrans peuvent par contre provoquer une sécheresse oculaire (syndrome sec oculaire) avec des sensations de picotements, de paupières lourdes, due au fait que l’on cligne moins des yeux lorsque l’on fixe un écran.


De même, une lumière bleue est émise, provoquant une fatigue visuelle voire des maux de tête. Pour cela, on peut utiliser des filtres pour diminuer les contrastes.


Les études montrent que les écrans pourraient jouer un rôle dans l’apparition précoce de la myopie car la vision de près est davantage sollicitée, alors que jouer dehors permettrait d’exercer sa vision de loin et éviterait à l'œil de s’allonger (et donc diminuerait le risque de myopie).



c. La santé mentale et physique


Effectivement, les enfants d’aujourd’hui ont accès à plus de types d’écrans que les générations précédentes n’avaient pas.


Le problème n’est pas tant le temps passé devant un écran, mais ce temps devant l’écran se fait au détriment du temps passé à jouer à autre chose et le temps passé pour une activité physique.

Les écrans participent donc à l’augmentation de la sédentarité et, par conséquent, constituent un contexte favorisant l’obésité ou les troubles visuels ; ils n’en sont en aucun cas la cause directe.


Ces données peuvent effrayer les parents, bien évidemment. Des études alertent aussi sur les troubles du sommeil, des nuits plus courtes chez les ados, qui passent beaucoup de temps devant leur écran.


Par contre, une information fortement relayée déclarait qu’un enfant qui passait trop de temps devant la télévision présentait des risques de déclencher des troubles du spectre autistique. Ce qui est bien évidemment faux, l’autisme étant un trouble neuro-développemental avec lequel l’enfant naît.

De même, les jeux vidéos ne sont pas à l’origine de schizophrénie.


Il est important de connaître les effets néfastes que peuvent occasionner les écrans (in)directement sur la santé des enfants, mais ces risques (et parfois les fausses informations) peuvent engendrer des peurs et être à l’origine de situations très conflictuelles avec les enfants.


Il peut être intéressant de travailler sur ces peurs, et d’aider l’enfant à réguler l'utilisation des écrans sans tomber dans les rapports de force.



2. REMETTRE LES CHOSES DANS LEUR CONTEXTE


Autrefois les livres étaient diabolisés, comme le sont les écrans aujourd'hui. Oui, les livres ! Même le courant électrique a été diabolisé. Ou les voitures. A l'époque.


Lorsque les inventions arrivent vite, les gens peuvent se sentir dépassés. On ne sait pas comment utiliser l'outil, on le craint.


Concernant les livres, on disait à l'époque qu’il était néfaste que les enfants passent trop de temps à lire, car ils ne pourraient plus faire la différence entre le réel et l'imaginaire.


Impensable pour nous maintenant. Lire fait partie du quotidien : on ne pense pas du tout à une nocivité potentielle.


Lire est encouragé. C'est même plutôt "noble". Surtout si on lit de grands classiques de la littérature par exemple.


Aujourd'hui, ce sont les écrans qui envahissent notre quotidien et qui sont diabolisés. Jusqu'à la prochaine avancée technologique…



3. STOP AUX INJONCTIONS DE TEMPS ET D'ÂGE


Faut-il réduire le temps d’écran de mon enfant ? Son utilisation est-elle excessive ? Quels sont les effets de cette surconsommation / surexposition ?


"Enfants de moins de 3 ans : pas d’écran ou seulement quelques minutes.

Enfants entre 3 et 6 ans: 20 minutes par jour au maximum.

Enfants entre 6 et 12 ans: 30 min par jour au maximum.

À partir de 12 ans, les enfants peuvent rester plus longtemps devant les écrans"

(Tableau CSA, 2010)


Ces injonctions sur le temps d écran maximum, devant protéger nos enfants d’une utilisation excessive, mettent particulièrement à mal les parents car elles peuvent être difficiles à respecter. On l’a vu plus haut, il n’y a pas de consensus qui fait l’unanimité.


Les écrans sont attractifs pour les enfants, car les adultes les utilisent. Par phénomène de mimétisme, il est difficile pour l'enfant d'y résister.

Cela peut être source de conflits et donc nuire à la relation.


Techniquement, cela reste faisable quand on a un seul enfant, mais comment interdire les écrans à un enfant de 18 mois alors que les aîné.e.s y ont accès juste à côté ?


Bien évidemment, il est PRÉFÉRABLE de limiter le temps d’écran avant 3 ans, non pas parce que les écrans sont mauvais, mais parce qu'avant cet âge-là, il n'y a pas d'intérêt particulier pour l'enfant. Les interactions sociales, l'appréhension du monde extérieur se font plutôt par le contact direct, le toucher, la vue.

Mais cela n'est pas mauvais à proprement parler de les laisser devant des dessins animés, en terme de développement du cerveau.


Ce n'est pas un conseil pour les laisser des heures devant les écrans livrés à eux-mêmes, ni pour les leur interdire strictement.


C'est juste que vous pouvez vraiment lâcher prise. Ne pas vous inquiéter si votre enfant passe plus de temps devant un écran que ce qui est "autorisé" pour son âge.


Parfois, les écrans peuvent servir de soupape lorsqu'on se sent débordée. Et c'est ok. Mieux vaut les laisser un peu devant un écran, même si le temps dépasse, pour pouvoir souffler, plutôt que d'être à cran ou de leur crier dessus car on n'en peut plus.



4. LES ÉCRANS NE SONT QUE DES OUTILS : TOUT DÉPEND DE CE QUE L'ON EN FAIT


Il est surtout question de contenu et d'accompagnement. Et de jugement aussi. Pourquoi un manga ou une bande dessinée serait moins "bien" qu'un livre de Zola ? Pourquoi lire serait-il mieux qu'un jeu vidéo ?


Le contenu est extrêmement important. Bien plus que la durée de jeu. Jouer à Minecraft par exemple, apporte beaucoup dans la réflexion, la planification, l'organisation, c’est un jeu éducatif qui est même utilisé dans certaines écoles.


Juger ce que nos enfants aiment, c'est les juger eux-mêmes, quelque part. Lorsque nous dénigrons leurs centres d'intérêts, que ce soit le sport, le style de musique qu'ils écoutent, ce qu'ils regardent, ou les jeux auxquels ils aiment jouer, c'est une part d'eux qu'on désapprouve.

Il est donc important de se mettre en empathie pour comprendre ce qu'ils ressentent lorsqu'on juge leurs goûts, car cela empêche la communication et l'envie de partage.

Pourquoi nous parleraient-ils du dernier jeu qu'ils adorent si on leur dit que c'est trop violent, que ce n'est pas bien, que c'est "mieux" de sortir voir les copains ?


Nous avons peur pour eux, et c'est totalement légitime au vu des informations relayées par les médias.

Et parfois, nous souhaitons que le contenu soit absolument éducatif, ou qu'ils en tirent au moins quelque chose d'instructif.


N'oublions pas que nous-même souhaitons parfois seulement nous distraire. Que certains d'entre nous visionnent plusieurs heures d'affilée des épisodes de série, sans être pour autant addict et coupé de la société. Que parfois, nous avons envie de regarder quelque chose pour penser à autre chose, rêver. Que certains, petits, ont passé beaucoup de temps devant la télévision sans que cela ne les ait empêché d'avoir une vie sociale, de faire des études…



5. GARDER LA COMMUNICATION, IMPORTANCE DE L'ENVIRONNEMENT


Débriefer, s'intéresser à ce que notre enfant fait avec ces outils numériques est donc extrêmement important pour garder la communication et le lien intact.

Faire de la prévention sur l'usage d'internet, l'accompagner au début, mettre en place un contrôle parental.


Une étude a démontré l'importance de l'environnement. Si l'environnement est suffisamment riche, l'entourage présent, la communication bonne, il n'y a pas de raison que l'enfant plus âgé devienne addict, et ce, même s'il y passe des heures. Oui, des heures !


Je vous mets ici le lien d'un TedX de Johann Hari sur l'addiction en général, très intéressant, qui démontre l'importance de l'environnement, et qui remet en cause tout ce que l'on pense sur le mécanisme d'addiction : https://www.ted.com/talks/johann_hari_everything_you_think_you_know_about_addiction_is_wrong/c


S’interroger également sur notre propre consommation, sur le modèle que l’on renvoie à notre enfant, sur nos dissonances : si on les utilise beaucoup, notre enfant sera tenté de faire de même...



6. ACCOMPAGNER PLUTÔT QUE D'INTERDIRE


Cela est valable pour les écrans, mais pour tout de manière générale.


Les écrans sont partout. Laissez vos enfants les utiliser avec vous pour commencer. Cela permet de les familiariser et de les sensibiliser aux dangers, notamment d'internet.


Les accompagner dans l'utilisation et la gestion des écrans.


Lorsqu’ils sont petits, surveillez le contenu car même les émissions de télévision pour enfants peuvent, selon l’âge et la sensibilité, ne pas être tout à fait adaptées.


Interdire, ou poser des restrictions excessives, va provoquer une attirance encore plus forte des enfants pour ces outils numériques (à moins que vous ne les utilisiez pas du tout à la maison).

Plus on va vouloir éloigner les enfants des écrans, les empêcher de regarder, plus cela va être attractif.


Car si ce n'est pas chez nous, ils y auront forcément accès à un moment donné, où nous n'aurons pas forcément le contrôle du contenu, et c'est là que cela peut être problématique.


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Il est surtout important de les encourager à faire d’autres activités, sans écran, pour lesquelles ils y trouvent un intérêt bien évidemment.

C'est une question d'équilibre. Que le besoin de divertissement ne soit pas comblé que par la télé, ou que le besoin de créer du lien ne soit pas comblé que par les jeux vidéos en réseau. Il y a plusieurs façons de remplir ces besoins. Les écrans ne sont pas un besoin, ils représentent UNE solution, une stratégie pour remplir un besoin, mais pas la seule.

Il s’agit d'aider petit à petit l’enfant à trouver d’autres stratégies, tout en l’accompagnant dans l’utilisation des écrans sans les diaboliser.

D’être attentive lorsqu'il y a un impact sur le comportement : d’aider votre enfant à arrêter lorsque vous sentez que la fatigue et/ou l’énervement prennent le dessus, en prenant soin d’accueillir le plus sereinement possible la frustration et la colère liée à la difficulté à arrêter la télé ou le jeu vidéo.

Et d’être attentive sur le comportement général de l’enfant, sur ses sorties, ses résultats scolaires…


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Oui, c’est un numéro d’équilibriste qui prend du temps, pour permettre à votre enfant d’atteindre, plus tard, un bien être numérique !


 

En conclusion, vous pouvez lâcher prise et vous détendre concernant l'utilisation des écrans (tout type) par vos enfants. Aucun effet nocif significatif n'a été démontré sur le développement de leur cerveau ou des apprentissages si l’environnement est bon.

Bien utilisés, ils peuvent même être bénéfiques.

Il est plus question de contenu, d'accompagnement, d'environnement, que de temps d'écrans.

Je le rappelle à nouveau, ce n'est pas une injonction à les laisser des heures seuls, livrés à eux-mêmes devant les écrans car ils ne sont pas "mauvais", mais plutôt une invitation à se détendre si la durée d'utilisation est plus importante que celle qui est recommandée ou que vous souhaiteriez !


Si les écrans sont un sujet de tension à la maison, un accompagnement individuel est possible.




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