Votre enfant vous tape ? Vous parle mal ? Vous “provoque”? Il ne veut pas coopérer ?
Vous souhaitez agir calmement mais vous n’y arrivez pas, la situation dégénère en conflit et crée donc un problème relationnel : cela nuit à la qualité de votre relation.
Comment rester sereine et réagir face à un comportement agressif ? Ou lorsque votre enfant ne vous "écoute" pas ?
En changeant de regard en premier lieu : un enfant fait toujours du mieux qu'il peut, il est mû par une intention positive.
Intégrer pleinement cette vision permet de ne pas agir comme un robot, de ne pas appliquer une “méthode éducative” juste pour obtenir un résultat, avec des phrases toutes prêtes et un comportement mécanique tout droit sorti d’un livre éducatif.
Cela évite d’agir sans réelle conviction, parce que la parentalité positive a dit qu'il fallait faire "comme ça".
1. LES PENSÉES QUI ENTRAÎNENT DES ÉMOTIONS DÉSAGRÉABLES
Lorsque l'on examine bien les choses, nous nous énervons sur nos enfants car certains types de pensées nous traversent l'esprit :
"Il me provoque, tu as vu comme il me regarde !"
"Il me teste !"
“Il pleure pour m’amadouer !”
"Il fait exprès de m'énerver, il le sait très bien !!"
"Il continue/il ne coopère pas alors que je lui ai répété 100 fois !"
"Il me fait mal, il l'a vu et il continue !!"
“Il va devenir un enfant tyran si je le laisse faire.”
Effectivement, ce type de pensée ne peut que provoquer de l'énervement, de la colère en nous : nous ne nous sentons pas respectées dans notre intégrité physique, dans notre besoin de calme/clarté/d'être entendu, etc.
Changer notre façon de percevoir notre enfant, les enfants, change tout dans nos réactions : les pensées entraînent des émotions, qui entraînent nos réactions.
2. SE RAPPELER DE LA CAPACITÉ DE NOS ENFANTS SELON LEUR ÂGE
Il ne s'agit pas juste de pensée positive toxique forcée pour voir absolument le verre à moitié plein, mais de se rappeler les capacités physiques/cérébrales/psychosociales/psychoaffectives de nos enfants pour trouver de l'empathie dans leur comportement.
Pour trouver cette indulgence envers eux.
Afin de désamorcer la violence qui peut naître en nous lorsque l’on est face à des situations difficiles et conflictuelles.
S'informer et donc avoir les connaissances sur le développement de l'enfant est indispensable :
Nous ne nous énerverions jamais face à un bébé de 6 mois qui ne marche pas. Car on SAIT, on est profondément convaincu qu'il en est incapable physiquement.
Nous ne nous agacerions jamais face à un enfant de 1 an qui ne range pas ses jouets. Car on SAIT, on est profondément convaincu que ce n’est pas encore dans ses capacités.
Par contre, nous oublions que c’est normal que les jeunes enfants puissent avoir un comportement agressif (mordre, taper, hurler…), ressentir des colères “explosives”. Ils sont en plein apprentissage et ont besoin d’être guidés pour faire autrement. Il ne peut pas y avoir d’apprentissages précoces en termes de développement émotionnel. Le cerveau mature petit à petit, en plus de l’importance de l’environnement.
Nous oublions parfois aussi, que ce soit par fatigue ou non, que c'est normal d'accompagner et donc de répéter à un enfant de 2 ans, 5 ans ou même 8 ans, de ranger sa chambre ou de venir se brosser les dents par exemple.
Nous oublions qu'il teste non pas ses parents pour les énerver, mais qu'il apprend en réalité de son environnement avec tout type d'interaction : il apprend à chaque fois qu'il jette des choses, saute dans les flaques d'eau, refuse de coopérer ("la période du non, d’affirmation de soi"), tape quelque chose ou quelqu'un, manipule les choses, oublie de ranger, recule le moment des devoirs...
Nous oublions que, ce n'est pas parce que l'enfant a la capacité de faire seul, qu'il VEUT forcément le faire TOUT SEUL, et qu'il n'a plus besoin de nous. L'accompagnement peut durer plusieurs années sans que cela soit un problème en réalité. Tout dépend du regard que l'on porte sur la situation !
C'est vrai que souvent, nous avons tendance à être moins patients aussi avec les enfants d âge plus avancé, plus âgés, car les attentes que l'on a vis-à-vis d'eux augmentent. On estime qu'ils devraient "savoir" faire ceci ou cela, et sans le répéter. Qu'ils devraient pouvoir ranger leur chambre seuls. Qu'ils devraient pouvoir aller se brosser les dents sans qu'on leur demande. Qu'ils devraient savoir que faire leurs devoirs avant de jouer est préférable. Qu'ils devraient être polis sans avoir à leur rappeler. Etc.
3. LES ENFANTS SONT MÛS PAR DES INTENTIONS POSITIVES ET FONT COMME ILS ONT APPRIS À FAIRE
a. Les enfants sont mûs par des intentions positives
Gérer les comportements difficiles, canaliser les émotions des enfants, ou plutôt les accompagner dans la traversée de leurs émotions, ne peut se faire sereinement qu’en commençant par changer de regard sur les intentions de son enfant.
L'intégrer pleinement nous permet de nous apaiser et d’avoir un comportement différent.
En effet, tout ce que l’enfant fait est mû par une intention positive, par un besoin à remplir.
Si nous pensons :
"il apprend"
"il fait des expériences/interagit avec son environnement"
"il fait du mieux qu'il peut"
"il m’a mordu car c’est une pulsion, il était submergé par sa colère/sa joie/il cherche le contact"
"il ne m'écoute pas car il est très concentré sur son activité (même la plus "insignifiante" pour nous)"
"il ne fait pas ce que je lui demande car ce n'est pas dans ses capacités"
"il rigole car il cherche à désamorcer la situation/créer du lien, il est nerveux"
"il agit comme cela car il a vu telle personne le faire"
Que ressentons-nous ? Certainement de la tolérance pour ces comportements qui auparavant, nous agaçaient.
Il ne s'agit pas de tout accepter, bien évidemment.
Refuser avec bienveillance les comportements non acceptables est indispensable.
Leur proposer surtout des alternatives pour les guider, plutôt que de leur dire simplement "non". Souvent, les enfants se retrouvent démunis face à un simple "non". Cela ne leur indique pas une autre alternative, et donc cela est difficile pour eux de stopper l'action indésirable qu'ils étaient en train de faire.
Les accompagner un maximum, ne pas hésiter à les aider, voire faire avec/pour eux, ne pas être anxieux et avoir confiance en eux :
"Je sais qu'il va savoir ranger, j'ai confiance en lui, je vais l'aider en attendant qu'il soit autonome".
C'est un regard que l'on porte sur notre enfant, une prophétie auto-réalisatrice. Tout autant que le "ah mais il faut TOUJOURS lui dire, il ne range JAMAIS, je suis la bonne à tout faire ici, il est fainéant."
b. Tout ce que les enfants font, répond à un besoin
Les enfants (tout comme les adultes), sont mûs par des besoins à remplir.
Les besoins de votre enfant, qui varient selon les âges et les périodes, ne sont pas les mêmes que les vôtres.
Votre enfant par exemple ne veut pas ranger sa chambre malgré vos demandes répétées ?
Il se peut aussi que son besoin d’ordre ne soit pas aussi important que le vôtre.
Changer de regard : il ne le fait pas contre vous, car il s’en fiche/il ne vous écoute pas/il veut vous embêter.
Cela ne veut pas dire non plus de laisser sa chambre se remplir d’un tas de déchets et ne plus passer l’aspirateur, évidemment.
Cela permet en fait d’accueillir cette non-coopération avec bienveillance. Pour pouvoir communiquer votre besoin sans reproche, car ces derniers nuisent à votre relation. Ils pourraient même braquer votre enfant, à force de s’entendre dire qu’il ne range jamais, qu’il fait exprès de ne pas vous écouter/de vous faire répéter, etc.
Il se peut aussi que ce soit une “montagne” pour lui, et qu’il ait besoin de votre aide. Qu’il ait besoin que vous le guidiez, même s’il est assez “grand” pour le faire seul.
c. Les enfants agissent en prenant modèle
Il peut être intéressant d’aller voir également du côté des modèles que votre enfant a à la maison, ou dans son environnement proche (crèche, école, cercle familial élargi…) : les enfants observent, apprennent et agissent en s’imprégnant des modèles qu’ils ont autour d’eux. L’apprentissage de la socialisation se fait de cette manière, petit à petit, dès la petite-enfance.
Gérer la violence par la violence (punition, violence physique ou psychologique) ne permet donc pas à l’enfant de corriger son comportement à caractère agressif si on agit ainsi autour de lui.
Votre enfant dit des gros mots ? Qui parle comme cela dans son entourage ? Où a-t’il vu/entendu cela ?
Votre enfant vous fait du chantage ? Qui fait cela dans son entourage ?
Votre enfant ne veut “jamais” ranger ? Quel est votre rapport au rangement ? Est-ce une corvée pour vous ? Il ne s’agit pas de faire semblant d’aimer de ranger, mais d’arriver à en tirer du plaisir de voir un espace ordonné, dans lequel il fait “bon vivre”. Mais râler soi-même d’avoir à ranger ne peut pas vraiment donner envie à votre enfant de s’y mettre par exemple.
Cela vous donne des pistes pour agir et changer soit votre comportement, soit informer l’entourage de ce qui pourrait être corrigé pour “diminuer l agressivité comportementale” de votre enfant. Pour qu’il arrête lui aussi ce type de comportement indésirable, et soit encouragé à faire autrement.
4. NE PAS PRENDRE LES CHOSES PERSONNELLEMENT
Essayer de garder son calme, le plus possible et ne pas prendre les choses personnellement.
Se sentir blessée par les paroles de nos enfants révèle un travail intérieur à faire, c'est votre petit enfant intérieur en vous qui réagit et qui a besoin d'amour, et non plus l’adulte que vous êtes.
Un “enfant violent”, qui réagit avec violence, n’agit pas ainsi pour vous faire mal. C’est un enfant qui a besoin d'amour, d'empathie, et de votre aide pour faire autrement. Il ne le fait pas contre vous.
Il a besoin que vous gardiez votre posture d’adulte pour pouvoir l’aider.
Et n'oubliez pas que c'est parce que vous êtes sa figure d'attachement, et qu'il a toute sa confiance en vous, qu'il se permet d'agir ainsi.
Dans les cas des enfants présentant des troubles du comportement (comme le TDA avec ou sans hyperactivité : impulsivité, agitation, inattention, agressivité…), cela peut être encore plus compliqué pour les parents qui peuvent se retrouver démunis pour faire face à l’agressivité, à certains comportements violents de leur enfant.
Là encore, cela ne veut pas dire que ces comportements ou que ces gestes agressifs soient acceptables, mais dans tous les cas, tous les enfants ont besoin que leurs comportements soient accueillis avec le plus d'amour possible. Cela préserve le lien affectif qui vous unit.
Evidemment, ce n'est pas toujours aussi simple. Lorsque la situation vous dépasse, soyez bienveillante envers vous-même. Car de la même façon que votre enfant fait du mieux qu'il peut, vous aussi !
C'est un des sujets que j'aborde fréquemment avec les mamans que j'accompagne. Si cela fait écho en vous, que vous ne savez plus quelles conduites tenir, vous pouvez me contacter via le bouton ci-dessous.
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