top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurVivana Oreal

CONFLITS DANS LA FRATRIE : COMMENT LE GÉRER ?

Dernière mise à jour : 29 juin 2023


Les conflits dans la fratrie sont souvent source de tension. Nous aimerions que nos enfants s'entendent bien, on souhaiterait être juste, mais on ne sait pas toujours comment gérer les disputes, et certaines de nos réactions peuvent même les favoriser.


Nous pensons que c’est normal que l’aîné soit jaloux du cadet. Les chamailleries font partie du quotidien, mais contrairement aux idées reçues, la rivalité fraternelle, la jalousie entre frères et sœurs n’est pas inévitable !


Je vais vous donner dans cet article les points principaux concernant la gestion de conflits dans la fratrie. Cela vous permettra de les appréhender différemment et ainsi, de les gérer au mieux pour prévenir les tensions.






1 - NE PAS ARBITRER - RESTER NEUTRE


C’est la base, un point indispensable pour permettre de résoudre un conflit sans qu’il y ait un sentiment d’injustice d’un côté ou de l’autre.


Entrer dans le jugement, faire la morale, dire qui a tort ou raison, in/valider d'un regard l'une ou l'autre personne, c'est entrer dans l'arbitrage, dans une relation hiérarchique où l’on décide pour les enfants.

C’est donc augmenter le risque de conflits et de rivalités entre les enfants.

Et c’est aussi prendre le risque d’entrer soi-même en confrontation avec l’enfant qui n’est pas d’accord avec le jugement parental, et nuit au lien affectif qui vous unit.


Arbitrer, c'est finir par une situation où quelqu'un se sentira forcément désavantagé, blessé, frustré, moins aimé (même si ce n'est pas voulu évidemment). Où quelqu'un aura l’impression d’être l’enfant préféré, favorisé, plus aimé (même si ce n'est pas non plus voulu, là aussi).

Alors qu'on souhaite seulement être juste, équitable.


De plus, cela peut nuire à leur estime d'eux-même. En effet, lorsque l’on gère la situation en jugeant les actes de l’enfant, on porte également un jugement de valeur sur ce qu'ils font et ce qu’ils sont.


Et cela n'apprend pas aux enfants à être autonomes : on risque d'être souvent appelé pour départager, prendre parti et ce n'est sûrement pas ce que vous souhaitez.


En réalité, il faut absolument sortir de cette vision binaire, changer de regard :

L'un qui est gentil et l'autre qui est méchant.

L'un qui fait "bien" et l'autre qui fait "mal".

L'un qui "se fait avoir" et l'autre qui "manipule".


Car la situation est toujours plus nuancée que cela, et même celui que l'on considère comme ayant mal agi, l'a fait pour une "bonne raison". Une raison que l'on ne comprend pas toujours, certes. Et même s'il y a une violence, l'enfant agit POUR lui, pour répondre à un besoin, et non CONTRE l'autre. Chacun fait vraiment du mieux qu'il peut.


Par exemple, taper peut démontrer un besoin d’expérience, de créer du lien, de divertissement...


Voir les choses autrement permet de sortir du jugement, et donc de l'arbitrage, de la stigmatisation et de l'étiquette ("ce n'est pas bien, tu as fait mal à ton grand-frère, c’est méchant !").


Cela ne rend pas acceptable la violence ou l’agressivité pour autant. Mais avoir de l'empathie pour celui qui agit avec violence ou qui n'a pas encore acquis les codes sociaux, et qui a donc besoin d'aide, permet de rester neutre et de ne pas prendre partie :

"ooh je vois que c'est difficile pour toi de faire doucement.. je sais que tu ne l'as pas fait exprès" et on lui montre comment faire autrement.

Car le but final, c'est que nos enfants puissent, à terme, être assertifs, résoudre les conflits en trouvant des solutions constructives où personne ne se sentira lésé. Où tout le monde aura fait valoir ses besoins.

Cela apprend aux enfants à vivre en société. Les frères et sœurs constituent donc le premier cercle social où l’enfant apprend à composer avec ses pairs (dans le cas où on a un enfant unique, cela n’est pas un problème puisque celui-ci construira ses aptitudes avec les copains de crèche, d’école…)



2 - COMMENT AGIR LORS D'UNE DISPUTE ?


Pour désamorcer les conflits, il s’agira surtout de faire de la médiation et de leur montrer l’exemple (de nombreuses fois) pour qu’ils puissent appliquer les différentes étapes seuls lorsqu’ils seront prêts.



a. Intervenir si besoin


Selon les types de conflits, il peut être nécessaire d’intervenir (s'ils se bagarrent, ou s'ils sont trop jeunes pour gérer le conflit eux-même).



b. Verbaliser et discuter de leurs ressentis et leurs émotions


Lorsque les enfants se disputent, prendre du recul est nécessaire pour rester neutre et ne pas se laisser envahir par ses propres émotions (et donc finir par arbitrer).

Accepter qu'ils puissent s'exprimer sans filtre, même si ce sont des paroles blessantes. Car elles ne sont que le reflet de leurs émotions, ce n'est pas ce que l'enfant ressent à proprement parler, il n'énonce pas une vérité. Reformuler sans violence, valider leur ressenti car il est toujours légitime.


Par exemple :

- "il est méchant, je le déteste !!"

- "tu dois être très en colère pour dire cela, que ressens-tu ? cela doit être très difficile pour toi."


Éviter des phrases qui puisse les culpabiliser ou nier leurs émotions, qui peuvent également bloquer la communication : l'enfant ne se sent pas écouté, et jugé car il a de "mauvaises pensées" :

"Ne dis pas ça, c'est ton frère, tu ne le penses pas vraiment..."

"Mais non, il n'est pas méchant !.."


Écouter les 2 parties, sans jugement. L'accueil des émotions ne nécessite pas forcément de parler. Ecouter, acquiescer d'un signe de tête peut suffire.


On peut aussi verbaliser, leur expliquer ce qui se passe en eux.

Par exemple :

"Tu lui as pris le jouet des mains, je vois que c'est très dur pour toi d'attendre, tu l'as vu, tu avais envie de le prendre tout de suite, c'est normal."


"Il t'a pris le jouet que tu avais dans les mains, je vois que c'est difficile pour toi, que tu ressens beaucoup de colère, c'est ça ?"



c. Les aider à développer leur assertivité et leur empathie pour l'autre


Les aider à voir la situation de conflit autrement pour qu’ils développent de l’empathie pour l’autre, et faire ainsi grandir ce sentiment fraternel :


"Il t'a arraché le jouet des mains, il n'aurait pas dû, c'est difficile pour lui de faire autrement pour le moment, il en avait tellement envie, il apprend, tu vois ?"


"Tu as vu comment X se sent ?" avec bienveillance (et non pas sur le ton du reproche et de la culpabilisation), pour l'aider à voir ce que l'autre ressent à la suite de ses actes.



d. Les laisser trouver la solution eux-mêmes en priorité


"Comment pourrait-on faire ? Quelle serait la solution pour vous ?"


Ce sont les plus à même de trouver une solution qui leur convienne. Chaque enfant peut proposer une solution, en disant bien ce qui est important pour lui.


Vous verrez que très souvent, suite à ce dialogue, ils arriveront à trouver un accord, si on leur en laisse le temps, si nous ne sommes pas pressés, ni dans la résolution immédiate. Parfois la solution ne vous semblera pas forcément "juste" pour vous, l'un peut vous sembler lésé, mais la seule chose importante c'est que les 2 enfants aient trouvé un accord qui satisfasse chacun.


S'ils sont trop jeunes, ou que la situation ne se résout pas, vous pouvez proposer votre aide, vos solutions. Ils pourront réajuster et valider ensuite vos propositions.


 

Bien entendu, les phrases ci-dessus ne sont que des exemples, et ne sont pas à répéter à la lettre automatiquement, elles sont à ajuster selon le contexte et selon ce qui sonne juste pour vous.


La patience reste une de vos alliées et une clé importante dans la gestion des conflits (et dans votre parentalité en général).


Les enfants apprendront petit à petit à gérer leurs désaccords et à dénouer les situations conflictuelles.

Dans ces différentes étapes, on retrouve les principes de la communication non-violente (la CNV - Marshall Rosenberg), où l'on écoute les 2 parties sans juger, où chacun exprime ses émotions sans agresser l'autre. Cela permet de trouver de l'empathie pour l'autre et ainsi, de trouver la solution la plus convenable possible pour chacun. Il faut du temps et c'est normal. Surtout si les enfants sont tout petits et d'âges rapprochés, et où chacun est encore en apprentissage.

On peut utiliser ces outils de communication à froid, en faisant des jeux de rôle, des mises en situations pour discuter des émotions de chacun, pour pouvoir ouvrir la discussion, et mettre en place petit à petit des automatismes pour gérer les conflits.


Cet article simple et synthétique constitue une base efficace, mais ne peut permettre de résoudre tous les différends.

Le contexte, les âges (petite enfance, adolescence..), le lien de parenté, la dynamique familiale, le type de relation entre les enfants et leurs parents, l'histoire personnelle de chaque parent… sont également très importants. Et ces spécificités propres à chaque fratrie, chaque famille, seront à prendre en compte.

Dans le cas où cela reste difficile pour vous, il est possible de travailler cela en accompagnement.


Il est possible aussi que des disputes à répétitions montrent que chacun ait besoin de son espace, et qu'il vaut mieux jouer séparément pour mieux se retrouver ensuite !


Pour terminer, voici quelques références de lectures sur ce thème qui pourraient vous intéresser :


* "Tu es comme tu es" de Olivier Clerc. Il permet d'expliquer clairement aux enfants que ce que l'autre dit n'est pas à prendre personnellement, mais n'est qu'un miroir de leur état intérieur.

* "Les murs sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)" de Marshall Rosenberg

* "Frères sœurs sans rivalité" Faber et Mazlish




36 vues0 commentaire
bottom of page